Comme je mentionnais dans un billet il y a quelques jours, l’histoire du Québec est probablement très mal écrite en attribuant la période 1945 à 1960 comme une période de retardation. Je suis de plus en plus d’avis que la période avant la Seconde Guerre Mondiale est la période dans laquelle le Québec stagnait ou déclinait relativement aux autres provinces canadiennes et pays du monde. J’ai terminé une autre pièce à cet égard qui est très éducative en me servant des statistiques sur le secteur de la fabrication.
Derrière ce choix se trouve la motivation suivante: le Québec est supposé avoir vécu son industrialisation au cours des années 1900-1910. En effet, il y a une explosion de la production manufacturière au Québec, notamment dans le secteur textile à partir de 1900 (et même 1890). Toutefois, à l’exception d’André Raynauld dans les années 1960, personne n’a pris la peine de comparer avec l’Ontario de manière exhaustive. De plus, personne n’avait des indices de prix régionaux qui permettaient de mieux évaluer le cours des choses en tenant compte des prix! J’ai décidé de pallier à cette déficience.
Cette série est difficile à poursuivre après 1945 à cause des changements de méthodologie de collection de Statistiques Canada (j’essaie de trouver une solution). Mais entre 1905 et 1910, il est possible d’intepoler et de corriger pour l’indice de prix que j’ai crée. Par la suite, on peut comparer sur une base annuelle. Le graphique plus bas illustre l’évolution de la productivité et des salaires réels avant 1939 au Québec. La période entre 1905 et 1910 est peu fiable à mon avis puisqu’elle est composé d’interpolations, mais le niveau de 1905 et 1910 sont clairs, le Québec était presque à égalité avec l’Ontario avant de stagner et décliner lentement après la première guerre mondiale.
Est-ce que la Grande Noirceur ne serait pas la période avant 1945 alors que le Québec semblait manquer le train de l’industrialisation?
Notez que j’ai exclu la guerre pour des raisons méthodologiques. Contrairement à plusieurs de mes collègues, je crois que les indices de prix en période sont biasés négativement. Premièrement, ils ne tiennent pas compte des changements de prix non-monétaires liés au contrôle de prix. Par exemple, lorsqu’un gouvernement décide de contrôler le prix de l’essence, on ne verra aucun changement dans le prix de celui-ci, toutefois le prix de l’attente en ligne, du rationnement ou du marché noir ne sont pas inclus. Par conséquent, on perd l’information. Par ailleurs, ceci change les prix relatifs dans l’économie, détruisant complètement l’indice des prix. C’est pourquoi je décide d’exclure le recensement manufacturier de 1915 et que je reprend la série en 1919.