À force de parler de la Grande Noirceur, j’ai reçu des courriels qui affirment que mes chiffres sont trompeurs puisqu’ils sont des aggrégats qui ne différencient pas entre anglophones et francophones. La critique est valide, mais elle ne change pas la narration que je présente. Premièrement, les salaires augmentent dans toutes les industries et même en comparant les salaires des travailleurs non-spécialisés du Québec à ceux de l’Ontario ou du Canada, le rattrapage du Québec est très présent. Pour ajouter à mon argumentaire concernant le bien-être des Québécois pendant la Grande Noirceur, je pense que les accidents sont une excellente statistique à utiliser.
Considérant que la majorité des travailleurs employés dans des secteurs à risque d’accidents de travail grave étaient francophones, il est pertinent de regarder l’évolution du nombre d’accidents de travail au Québec. En 1945, l’ancêtre de la Commission de la Santé et Sécurité au Travail a rapporté 23,24 accidents par 1,000 Québécois. La même année, l’Ontario avait une proportion de 29,56 accidents par 1,000 Ontariens. En 1960, la proportion avait diminuée au Québec mais avait augmenté en Ontario. Les travailleurs Québécois bénéficiaient donc non seulement d’une meilleure sécurité au travail que les Ontariens mais ils ont vu leur travail devenir encore plus sécuritaires au cours de la période allant de 1945 à 1960.