Selon l’affirmation de Pauline Marois, la dette du Québec a augmenté d’un tiers sous le règne de Jean Charest. Est-ce vrai?
Premièrement, la chef péquiste s’est servie de la dette nette – une mesure que je n’aime pas. Pourquoi? Parce que la dette nette prend la dette moins la vente d’actifs tels que les écoles ou les routes. Ces actifs n’ont aucun prix puisqu’il n y a aucun marché pour ceux-ci, par conséquent on peut faire dire un peu n’importe quoi à cette proportion. En plus, lorsque la dette nette est calculée – personne ne considère la valeur marchande des sociétés d’État (Hydro-Québec, la SAQ et Lotto-Québec valent presque autant que la dette brute du Québec). Le calcul est donc quelque peu politique.
Il faut donc prendre la dette brute – celle sur laquelle nous payons des intérêts (11.9% des revenus – la proportion la plus élevée de toutes les provinces canadiennes). Est-ce que Jean Charest a endetté le Québec autant que Marois ne le dit?
La réponse, c’est non. En dépit des changements comptables du gouvernement (une manière étrange de brouiller les cartes), on voit qu’à l’exercice fiscal 2003-2004, la dette brute est à 129.1 $ milliards comparativement à 191.7 $ milliards en 2012-13. Il s’agit donc en effet d’un tiers – en dollars courants. Ceci est donc très trompeur puisque l’inflation et la croissance économique n’ont pas été tenues en compte. En corrigeant pour l’inflation, l’augmentation est nettement moins prononcée. Face à l’économie, le gouvernement Charest a grossi la dette mais pas d’une proportion démesurée même si elle est à un considérablement plus élevé que les autres provinces canadiennes.