Dans mon livre, Grand Rattrapage et Déclin Tranquille: Histoire Économique du Québec depuis 1900 qui sera publié en décembre 2012 aux éditions Accent Grave, je propose que le rattrapage économique et social du Québec a commencé dans les années 1940 et qu’il s’est poursuit au même rhytme pendant la Révolution Tranquille en dépit de l’intervention accrue de l’État. Je propose aussi que – contrairement à la période du grand rattrapage de 1945-1960 – les progrès survenus pendant la Révolution Tranquille sont venus avec une hypothèque.
Une de ces hypothèques c’est les transferts fédéraux. En soit, les transferts ne sont pas pervers et servent une certaine nécessité pour le maintien de la fédération canadienne (je vous épargne mon opinion constitutionnel). Toutefois, ces derniers sont devenus des objets politiques pour lesquels les politiciens peuvent financer des dépenses superflues pour demeurer au pouvoir tout en décourageant l’adoption de politiques publiques favorables à la croissance économique mais qui priveraient certains groupes d’intérêts de leur statut privilégié.
Comme on peut voir, la seule période au cours de laquelle les dépenses sont restés stables (et même diminuer sensiblement) c’est alors que les transferts fédéraux étaient réduits ou maintenus constants. Depuis 2004, on voit aussi que lorsque les transferts augmentent, les dépenses de l’État augmentent aussi. Il s’agit là du côté pervers des transferts fédéraux – ils découragent la saine gestion financière de l’État.
C’est là le principal héritage pervers de la Révolution Tranquille: non seulement celle-ci aurait été presque impossible sans les transferts fédéraux, mais les transferts fédéraux ont contribué à grossir l’État québécois et le favoritisme.