Alors que mon livre sur la période allant de 1900 à 2010 avance rapidement, je m’attaque maintenant à un nouveau sujet sur l’histoire économique du Québec et du Canada et j’ai terminé de compiler des séries de données sur le commerce du Québec. Mon but est de répondre à une question simple à savoir quelle était le niveau de vie des Canadiens-français après la Conquête du Québec par les anglais. Malgré son intérêt, le sujet est peu détaillé et peu d’historiens ou d’économistes ont traité le sujet.
Comment donc mesurer le niveau de vie des Québécois? Il y a plusieurs mesures disponibles qui peuvent servir de “proxies”. Une des mesures les plus intéressantes selon moi, c’est la productivité du secteur du transport maritime. Puisque le transport maritime à cette époque était l’un des coûts les plus importants dans la production et la distribution, des gains de productivité dans ce domaine aurait permis de réduire le coût de la vie d’une part. D’autre part, une productivité accrue dans ce domaine permet d’augmenter les possibilités d’exportation tout en augmentant la taille des marchés disponibles (offrant donc une augmentation des économies d’échelle et permettant plus de gains de la spécialisation).
En combinant des séries primaires contenues dans les collections des Archives Nationales du Canada (Collection Haldimand), j’ai pu obtenir des données sur le commerce entrant et sortant du port de Québec entre 1768 et 1783 que j’ai pu colliger avec les données déjà accumulées par Jean-Pierre Wallot et Gilles Paquet pour la période de 1786 à 1810. Dans les deux cas, on remarque clairement une augmentation et soutenue de la productivité du secteur maritime au Québec (voir graphique plus bas).
Je ne sais pas à quel point ceci nous permet d’en savoir sur le revenu réel des Québécois (majoritairement agricole), mais ceci contribue à renforcer le point de vue avancé par les quelques économistes qui ont traité de la période 1760-1840. C’est-à-dire le point de vue que le Québec s’intégrait de manière importante dans le commerce atlantique, que le niveau de vie a augmenté à un rhytme relativement constant et que l’économie s’est modernisée.