Tous les historiens devraient faire un cours d’économie et tous les économistes devraient suivre un cours d’histoire. Voilà, c’est dit! Pourquoi, je fais cette affirmation? Parce qu’une des règles élémentaires de la science économique démontre qu’un vaste pan de notre littérature sur l’histoire du Québec ne tient pas la route face à l’analyse économique élémentaire. Et comme les économistes ignorent souvent l’histoire et les historiens ignorent les économistes, on ignores des outils qui devrait nous aider à mieux saisir notre passé.
Il est affirmé que suite aux années 1810 et allant jusqu’à l’Acte d’Union de 1840, le Québec aurait vécu une période de “crise économique” ou du moins de “malaise”. On parle généralement d’une diminution ou d’une stagnation de la qualité de vie. Peu d’historiens – à l’exception de l’économiste-historien Marvin McInnis, l’historien Jean-Pierre Wallot et l’économiste-historien Gilles Paquet – ont rejetté cette vision. Et pourtant, l’outil le plus simple de réfutation de cette vision est à la portée de la main : la théorie de la quantité de la monnaie. Cette théorie ne nécessite pas qu’on soit de gauche ou de droite, elle s’applique indépendamment de nos préférences idéologiques et se définit
M*V = P*Y (M = Masse Monétaire, V = Vélocité de la monnaie, P = Prix et Y = Production réelle)
Cette identité des plus basiques indique que normalement, si on augmente la monnaie en circulation, les prix augmenteront. Si les prix diminuent et que la masse de monnaie augmente en même, c’est que la vélocité de la monnaie diminue ou que la production augmente. Si l’efficacité de la production augmente, ceci signifie que que la production réelle augmente (lire: meilleure productivité). Ainsi, si vous voyez A) un déclin des prix, B) une augmentation de la masse monétaire, vous devez raisonner que Y augmente assez largement pour contrebalancer ou que la vélocité de la monnaie a diminué (par ailleurs, Milton Friedman soulignait avec Anna Schwarz que la vélocité de la monnaie dans les économies préindustrielles en croissance tend à diminuer en raison d’une augmentation de la demande de monnaie résultant (entre autres) de l’augmentation de la productivité – voir ici aussi).
Le scénario que je viens de vous décrire est exactement celui qui se produisait au Bas-Canada avant la révolution des patriotes. Est ce qu’il y avait une augmentation de la masse monétaire?
Check! Surtout que cette mesure est conservatrice puisqu’elle n’inclut le crédit privé qui selon toutes les sources a augmenté (le crédit fait parti de ce qu’on appelle le “broad money” et fait parti de “M” mentionné plus haut). Tout indique que la masse monétaire en espèces était stable. Au final, la masse de monnaie augmente plus vite que la population – et de beaucoup. Avons-nous aussi un déclin du niveau général des prix suivant à un rhytme équivalent à l’économie la plus prospère de l’époque?
Check! Les prix au Québec diminuent à une vitesse annualisée équivalente à ceux de la Grande-Bretagne qui à cette époque une augmentation de la masse monétaire (voir ici) et une croissance économique soutenue. Théoriquement, il est donc impossible que le Québec aille vécu une croissance économique négative entre 1815 et 1840. Il est possible que l’économie aille subie une série de chocs et que le revenu aille été volatile. Il est possible que la croissance aille été lente. Mais il est complètement impossible que la croissance aille été négative.
Ceci ne résout pas le débat, mais l’argument présenté ici est simple et démontre à l’intérieur de quels paramètres la recherche sur l’histoire économique (et par conséquent le “backdrop” de l’histoire politique) devrait s’effectuer. Et clairement, les paramètres de la recherche ne devraient pas inclure la possibilité d’une crise économique continue et soutenue.
la construction des fortificacions de la ville de quebec a apporté une grande prosperité a la ville des grand traveaux d’infrastucture de l’époque
les 2 tome de l’histoire de la banque de montreal publié pour leur 150 aniversaire sont tres instructif sur l’histoire de l’economie du quebec
Absolument pour la banque de Montréal, quant aux infrastructures, je pense que c’était un stimulus temporaire, mais présent quand même